Gestion des émotions - La blessure de rejet
- Laure Daroux
- 8 mai 2023
- 8 min de lecture
Dernière mise à jour : 30 janv. 2024

La blessure de rejet est l'une des cinq blessures émotionnelles répertoriées par Lise Bourbeau.

Elles s'installent généralement dans la petite enfance de 0 à 6 ans.
Celle de rejet entre 0 et 1 an, en lien avec le parent du même sexe.
Elle influence la façon de percevoir le parent, le lien avec lui et l'interprétation de ses attitudes.
La plupart des enfants passent par 4 étapes, qui contribuent à l’émergence des blessures et à la mise en place des masques :
ils découvrent la joie d’être eux- mêmes
puis la douleur de ne pas avoir le droit d’agir et de faire ce qu’ils veulent
ils manifestent leur désaccord en étant en crise et en révolte
et ensuite mettent en place un masque pour devenir ce que les autres veulent qu’ils soient
Ces blessures psychologiques sont des blessures émotionnelles qui affecte notre bien-être.Celle de rejet touche au besoin de reconnaissance et au sentiment d'appartenance.
Elle va altérer les fondements de la personnalité, et peut avoir des répercussions tout au long de la vie.
Pour guérir d'une blessure, encore faut-il en être conscient.
Les caractéristiques de chaque blessure permettent de donner des pistes d'identification et de compréhension.

La personne se sent rejetée et manque de reconnaissance.Ce qui affecte le sentiment de valeur et sa capacité à s'épanouir.
Ce sentiment prend naissance à la suite d'un choc émotionnel intense, d'un traumatisme fortement ressenti par l'enfant, et perturbe la construction de sa maturité affective. Il n'y a pas obligatoirement souvenir du trauma initial.
L'enfant, puis l'adolescent et l'adulte revivront ensuite tout au long de leur vie des sentiments de rejet face à certaines situations, et dans de multiples domaines de leur vie (familial, amical, professionnel, personnel, amoureux, voire dans les détails du quotidien...).
Et ils peuvent être aussi intenses que lors du trauma initial, sans que la situation touchant la blessure de rejet le soit pour autant.
Peu importe la situation réelle, ce sont toujours les ressentis de l’enfant (ou de la personne concernée) qui priment.
Pour préserver son psychisme, la personne va mettre en place des mécanismes de défense, afin de moins souffrir.
En chacun de nous, ces 5 blessures sont liées à notre peur de ne pas être aimé. Ce qui oriente nos réactions, nos interprétations, nos relations.
Pour nous protéger de la souffrance qui en découle, notre mental se saisit d'un masque qui oriente notre vision de la vie et notre manière d'entrer en relation.
Les masques se mettent en place à chaque fois qu’une blessure s’active et que nous ressentons le besoin de nous protéger.

Cela change aussi notre façon de nous reconnaitre, de nous voir, de nous comprendre, de savoir qui nous sommes réellement.
Et bien sur, cela intervient dans nos
rapports aux autres.
Comment identifier la blessure de rejet?
La personne souffrant de la blessure de rejet a le sentiment de ne pas être reconnue.
Elle se sent exclue, rejetée, mise à part.
Par réflexe, elle évite le contact, se repli sur elle-même, vit dans son monde, dans ses pensées, pour éviter la sensation d'être rejetée.
Elle a du mal à reconnaître son droit à l’existence (je ne mérite pas de vivre), et a un fort sentiment d’illégitimité.
On retrouve plus fréquemment chez ses personnes des comportements d'évitement, de l'anxiété, une sensation de vide intérieur, de la dépendance affective, une mauvaise estime de soi, des comportements d'isolement.Pouvant aller jusqu'à une dépression ou un burn out.
La blessure a donc un fort impact sur sa vie : mal-être psychologique, douleur émotionnelle et autres symptômes associés, physiques ou non.

Des mécanismes se mettent en place peu à peu, tels que des croyances négatives sur soi, du dénigrement (je suis nul, je ne vaux rien...), un manque de confiance en soi, un défaut de relation aux autres et une mauvaise relation à soi-même...
Ces mécanismes entraînent certains types de comportements dictés par la réaction à la blessure.
Si vous appuyer là où ça fait mal, et bien ..."ça fait mal".
Si vous ne prenez pas conscience que c'est vous qui appuyez là où ça fait mal, vous ne comprenez pas pourquoi cela fait mal, et vous recommencez.
"Aïe...mais c'est toi qui appuie...aïe...mais c'est toi qui appuie..."
Prendre conscience de la blessure et de son impact sur nos fonctionnements, nous permet donc de comprendre pourquoi "nous réagissons" de telle ou telle façon.
L'objectif pour aller mieux est de voir que cela fait mal et que c'est nous qui appuyons.
La situation qui active la blessure n'explique en rien la violence de la "réaction". C'est l'intensité de la douleur (la profondeur de la blessure) et le fait d'appuyer (sans cesse) dessus qui explique la force de l'impact.
Le mécanisme de défense se manifeste alors via l’ego : "je réagis", c'est à dire j’agis sous l'emprise de ma blessure.
L'étape suivante sera de voir la réaction intérieure, mais d'agir en conscience "oui, j'ai mal, mais je sais pourquoi j'ai mal.J'ai mal à la blessure de rejet"
C'est parce qu'il y a blessure de rejet que je ressens du rejet, et ce n'est pas parce que l'on me rejette.
C'est une question d'interprétation : telle personne (/situation) agit ainsi = elle me rejette.
L'erreur est là = je ressens du rejet, on ne me rejette pas.
Le mouvement est intérieur.
Le travail sera de changer ce mouvement pour sortir de la blessure.
Ensuite, viendra le temps d'agir au lieu de réagir.
Sortir de la réaction pour aller vers l'action juste.
Les traits principaux : (que l'on peut retrouver tout ou partie)
La fuite
Elle peut s'exprimer de diverses façons, notamment dans les addictions : alcool, drogues, médicament, alimentation, travail, sport, jeux, sexe...
C'est sa façon de fuir la réalité.

La personne va mettre de la distance vis à vis des autres; mais aussi envers ses propres besoins.Il lui est très difficile de s'exprimer.
On peut observer des comportements de déni, la tendance à s'effacer, à ne pas prendre sa place, ou la peur de déranger.
De fait, elle préfèrera tout faire par elle-même par peur d'être rejetée.
Elle s'est aussi coupée de ses besoins,
n'ose pas en faire part et s'épuise.
Peut en découler un burn out.
Pour pouvoir se sentir aimé ou appartenir à un groupe, la personne va se comporter de façon à ce qu'on l'apprécie (l'aime).Cela risque de lui faire perdre le contact avec ses propres besoins, son identité; elle n'ose pas être elle-même.
La personne étant dans le rejet constant d’elle-même, elle ne sait plus identifier ses besoins correctement, et parfois doit faire face à une véritable perte de sens (risque de dépression).
En parallèle, elle développe la capacité à prendre soin des autres, fait beaucoup pour eux, mais s'oublie.
Ou alors, elle ne parvient pas à exprimer son avis, perd confiance en elle, ne sait pas créer du lien..elle s'efface tellement qu'elle en devient transparente.
Ces personnes se sentent déconnectées du présent et ne se sentent pas toujours ancrées dans la matière.Elles se réfugient donc dans leur monde intérieur ("où il n'y a pas de danger") dans leurs pensées, et de fait, ont du mal à se concentrer et souffre d'une forte charge mentale.

L'anxiété
La personne se sent tout le temps en insécurité, le monde l'agresse, elle se sent attaquée par les autres, par les évènements.
Si les choses ne se passent pas comment elle l'a prévu, elle est facilement déstabilisée, anxieuse.
Tous les évènements de la vie la sur-stimulent, la charge mentale liée à la gestion de ces évènements peut provoquer une anxiété chronique envahissante.
Entre l'anxiété et la peur de perdre l'autre, la personne s'auto-sabote, et se repli un peu plus sur elle.Elle n'ose plus se confronter à la vie et aux autres, elle s'isole socialement.
Un cercle défectueux se met alors en place, la personne auto-alimente des pensées en lien avec la blessure de rejet : je ne suis pas important(e), on ne m'aime pas, on ne s'intéresse pas à moi, je ne vaux rien...
Le risque de dépression est alors grand.
La colère
La colère émerge des difficultés à connecter ses besoins, à exprimer, à dire ce qui ne va pas, à la peur de s'affirmer. Ces difficultés :
- soit majorent le repli sur soi, le refoulement (la colère refoulée), et génèrent de la susceptibilité (difficulté à entendre les critiques).
Dès lors des symptômes physiques peuvent apparaitre en lien avec la colère intériorisée (reflux gastrique, ulcère, hypertension, foie...)
L'inhibition est un véritable rejet de soi-même
- soit déclenchent de la colère disproportionnée à l'évènement, car elle a été trop contenue.
C'est la goutte qui fait déborder le vase.
Elle reflète l'incapacité à savoir gérer ses états émotionnels.

La dépendance affective
La personne est en quête de ce qu'elle ne parvient à se donner à elle-même, d'où un grand besoin de reconnaissance et d'appartenance.
Elle va rechercher dans ses relations ce qui lui a fait défaut (ou ce qu'elle ressent lui avoir fait défaut) dans l'enfance : le feedback positif, la reconnaissance, la valorisation.
Mais le manque de confiance en elle engendre des comportements de jalousie, de possessivité, tant dans les relations amoureuses que dans les amitiés.Elle a du mal à faire confiance, elle a peur d'être quittée.
Au besoin de reconnaissance, tellement immense, s'ajoute l'évitement constant face à ses besoins.Cela ne lui permet pas de recevoir la reconnaissance et les compliments.Ils ne passent pas les murs de protection.
Ses défenses l'ont amenée à rejeter sa propre personne, qui ne peut ni recevoir ni donner ce dont elle a le plus besoin : de la communication et de l’affection.
Pour tenter d'y parvenir, elle va avoir tendance à partir dans le don de soi, à s'investir sans limite pour être aimée, pour satisfaire les autres, pour dépasser la blessure émotionnelle, pour exister.
Elle ressent alors une très grande injustice.
= à cause de l'écart entre ce qu'elle donne et ce qu'elle reçoit (qu'elle ne parvient pas à recevoir en fait). Elle donne ce qu'elle devrait se donner à elle-même.

Dans la relation de couple, elle ne parvient pas à se sentir "suffisamment" aimée.Le rejet de soi-même fait qu'elle ne parvient pas à concevoir que l'on puisse l'aimer vraiment pour ce qu'elle est.
"Puisque je ne vaux rien-je suis nul(le), comment peut-on m'aimer?"
Le lien à soi défectueux
Le puit sans fond du manque de reconnaissance entraine un décalage avec la réalité.
La personne ne parvient pas à se voir telle qu'elle est réellement.Et pense que les autres la voient de la même façon. Les auto-jugements et l'auto-critique sont très durs et sans appel. Ils impactent la valeur qu'elle se donne, elle se remet en cause constamment.
Guérir
On ne peut guérir d'une blessure psychologique, si on n'en prend pas conscience.
C'est la première étape.
Prendre conscience et identifier la blessure de rejet
Se libérer des croyances négatives sur soi-même
Accueillir l’ensemble des états affectifs, et accueillir l'émotion jusqu'au bout
Accueillir ses fragilités et ses faiblesses*
Apprendre à s'aimer et prendre conscience de sa valeur*
Prendre confiance en soi* et découvrir ses qualités
Oser s'ouvrir aux autres et faire confiance à autrui
Mettre des actions en place pour sortir de l'isolement
"De l'état de bien-être intérieur, issu de la connaissance juste de ses forces et de ses faiblesses, découle la capacité de se montrer tel que l'on est, sans peur du jugement des autres".

🥰 Je vous propose ci-dessous de sympathiques petits exercices à faire pour commencer le chemin apaisé vers soi :
*Listes à faire pour cultiver la confiance en soi et apprendre à se connaitre :
- Ce que j'ai fait dans ma vie
- Ce dont je suis fière
- Ce que je suis : mes qualités et mes compétences
- Ce que je suis aussi : voir avec bienveillance ses fragilités et ses points faibles, et voir que ce n'est pas grave
*Liste à demander pour se confronter à la réalité de comment les autres me voient :
- Comment me voient mes amis?
- Quelques sont les qualités qu'ils voient en moi?
_ Qu'est ce que je leur apporte?
👉 Retrouvez tout le cheminement intérieur pour sortir de la blessure de rejet (des blessures) dans mon précédent article : "Trouver la paix intérieure"
" Guérir de son passé, libérer les émotions bloquées, libérer de l'énergie, VIVRE "

🥰 Une autre clé pour "guérir" de sa blessure est de voir que nous nous comportons, souvent, tel que ce que nous reprochons aux autres.
Cet effet miroir est là pour nous montrer chez les autres, ce que nous ne parvenons pas à voir chez nous.
Le placement intérieur à ce niveau sera de se demander si ce qui nous gène chez l'autre, existe aussi chez nous?
Et comment cela s'exprime?
Apprendre à nous voir avec lucidité, pour ensuite avancer vers la résolution de la blessure, ou tout au moins pour qu'elle soit moins présente, moins intense dans notre vie, que nous agissions au lieu de réagir (sur-réagir).
En conclusion, je citerai Lise Bourbeau, car je pense vraiment que la vie met sur notre chemin ce que nous avons à résoudre, et ce que nous sommes capables de résoudre 👇
“Nous attirons les personnes et les situations dont notre âme a besoin, afin d’apprendre l’amour véritable et l’acceptation inconditionnelle". Lise Bourbeau
Chaleureusement
Laure
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